028…

En retournant aux Laboratoires, Vincent jeta un coup d’œil rapide à la Bible, mais elle demeurait coite. Il s’installa donc devant l’ordinateur, et Mélissa prit place à ses côtés. Cette dernière savait qu’elle aurait une carrière passionnante à l’ANGE, mais jamais elle n’avait imaginé, lorsqu’elle étudiait à Alert Bay, qu’elle participerait aux travaux du plus grand informaticien de l’Agence. Vincent pensait parfois plus vite que ses ordinateurs. Il avait toujours un pas d’avance sur tout le monde.

— Cassiopée, mets-moi en contact avec monsieur Shanks, ordonna l’informaticien.

— TOUT DE SUITE, VINCENT.

— Je suis content de te voir en si grande forme, jeune homme, déclara le directeur d’Alert Bay, lorsque son visage apparut sur l’écran. Cependant, je croyais que tu étais à Ottawa.

— Le climat de travail est meilleur ici.

L’informaticien tapa plusieurs commandes sur le clavier.

— Je vais encoder tout ce que j’ai pour que la transmission soit sécurisée, La dernière chose que je veux, c’est de voir ces graphiques dans les tabloïdes.

— Nous commençons à peine à recevoir des nouvelles de l’extérieur, ici, mais j’imagine que ce doit déjà être la panique un peu partout dans le monde.

— Je suis content que notre base possède ses propres entrepôts de nourriture. Je n’aimerais pas être au supermarché, en ce moment.

Vincent appuya sur une dernière touche.

— Voilà, c’est parti. En attendant que vous me confirmiez la réception de ces données, je veux que vous soyez conscient que n’importe quoi pourrait faire dévier la course de cet astéroïde. Nous allons devoir le surveiller étroitement.

— As-tu obtenu la permission d’utiliser notre satellite pour te faciliter la vie ?

— Pas officiellement, mais étant donné que Cédric est le nouveau directeur international, ce ne devrait pas être un problème.

— L’ordinateur vient de me signaler que nous avons reçu ton matériel. Laisse-moi regarder tout ça avec toi.

Il y eut un court silence, pendant lequel Shanks leva les yeux et parcourut les colonnes de chiffres. Vincent savait que le directeur possédait un esprit scientifique et qu’il n’aurait pas à lui expliquer grand-chose.

— J’ai accepté ce poste au milieu de nulle part, croyant que, pour le reste de ma vie, je formerais de solides agents de l’ANGE, avoua le directeur. Jamais une seule seconde je n’ai pensé que j’aurais à me servir des missiles contre qui que ce soit.

— Au moins, ce n’est pas contre une autre nation. J’espère que vous comprenez que votre geste passera à l’histoire.

— Les habitants de cette planète ignorent qui nous sommes, Vincent, Ils ne sauront même pas d’où sont partis les fusées qui les ont sauvés.

— Mais nous, nous le saurons.

— Je vais faire entrer tes coordonnées dans l’ordinateur qui contrôle les missiles. Ce sera facile de leur apporter des changements de dernière minute.

— Je ne voudrais surtout pas passer pour un paranoïaque, monsieur Shanks, mais si vous pouviez établir un relais avec la base de Montréal pour que je puisse programmer moi-même les projectiles, je vous en serais très reconnaissant.

— En fait, je suis soulagé que tu me le proposes. Personne n’est plus doué que toi en informatique dans toute l’Agence. Mais es-tu sûr de pouvoir prendre toute cette pression sur tes épaules ?

— Connaissant mon patron, je vais être obligé de la partager avec lui.

— Je m’occupe de la retransmission de tous les signaux vers toi. Bonne chance, Vincent. Communication terminée.

Le visage de Christopher fut remplacé par le logo de l’ANGE.

— Il a raison, l’appuya Mélissa. C’est une énorme responsabilité.

— Je ne me serais pas enrôlé dans cette Agence si j’avais été un indécis chronique. Il y a des tâches faciles et il y en a des plus compliquées. L’important, c’est de les accomplir au meilleur de notre connaissance en gardant à l’esprit le bien de tous.

— Tu as raison.

— Toutefois, je ne prendrai pas le crédit de ces sages paroles qui m’ont été répétées à maintes reprises par Cédric Orléans.

Il jeta un coup d’œil aux dernières distances enregistrées par le satellite.

— Certains policiers font le guet près d’établissements où ils soupçonnent des activités criminelles, ajouta Vincent, et nous, nous surveillons un astéroïde…

— Et je suis contente de le faire avec toi.

Le savant détourna son attention de ses écrans et croisa le regard admiratif de Mélissa.

— J’aimerais que tu saches tout de suite que malgré les sentiments que j’éprouve pour toi…

— NOUS VENONS DE RECEVOIR LES COORDONNEES QUI NOUS PERMETTRONT DE DIRIGER NOUS-MEMES LES MISSILES.

— Merci, Cass.

— Tu disais ? demanda Mélissa.

— Malgré l’amour que je ressens pour toi, il se pourrait que je devienne très nerveux durant les prochains jours et que je te semble insensible.

— Ne t’en fais pas, Vincent. Je saurai rester en retrait, mais tu pourras me demander de l’aide, si tu en as besoin.

— CE TYPE DE CALCULS NE PEUT ETRE EFFECTUE QUE PAR UN ORDINATEUR.

— C’est vrai, mais au chapitre du réconfort, rien ne vaut une petite caresse.

Il y eut quelques fluctuations de tension.

— Cass, si tu refais ça une autre fois, je vais m'adresser à Cybèle.

— TU N’OSERAIS PAS, VINCENT.

— Me mets-tu au défi ?

Le silence de l’ordinateur rassura l’informaticien.

— Nous sommes tous dans la même galère, Cass. Il est important que nous ramions ensemble si nous voulons survivre. Donne-moi accès aux données de Christopher Shanks.

— TOUT DE SUITE, MONSIEUR MCLEOD.

Le passage de son prénom à son nom de famille fit comprendre au savant que la partie n’était pas encore gagnée. Il avait conçu un module émotif dans la programmation de ses unités centrales, mais il ne se souvenait pas d’y avoir intégré la jalousie.

— Qui est Cybèle ? voulut savoir Mélissa.

— C’est un petit projet secret…

Pendant plusieurs heures, il se familiarisa avec les commandes des missiles, les incorpora dans son propre logiciel et recalcula une fois de plus la trajectoire de l’astéroïde. Tout à coup, il avait l’impression de travailler à la NASA et de se préparer au lancement d’une navette spatiale. « Je ne sais pas si j’aurais aimé ne faire que ça », se demanda-t-il.

Aux petites heures du matin, tout était prêt pour intercepter Absinthium. Les yeux de Vincent étaient de plus en plus rouges, tant il avait besoin de sommeil. Il sentit alors les doigts de Mélissa se glisser entre les siens. Elle avait été si discrète qu’il avait oublié sa présence. Sans dire un mot, elle se mit à le tirer vers la sortie. Il étira un bras et s’empara de la Bible. L’agente l’emmena dans la section attenante à la salle de Formation, où on avait aménagé une vingtaine de petites pièces qu’on surnommait le Dortoir.

Mélissa poussa Vincent dans l’une d’elles et referma la porte. L’informaticien déposa l’ouvrage ancien sur l’unique bureau et se tourna vers la jeune femme. Il n’y avait aucune caméra dans ces chambres, mais, par mesure de sûreté, on y avait installé des micros. Toujours en silence, Mélissa fouilla dans les poches du sarrau de Vincent et en retira un petit dispositif de brouillage.

— Tu veux que je… commença-t-il.

Elle plaça sa main sur ses lèvres pour le faire taire et lui montra le minuscule appareil. Vincent l’activa et le déposa à côté de la Bible.

— Pourquoi tout ce mystère ? s’étonna-t-il.

— Pour éviter que nous soyons électrocutés, évidemment.

— Quoi ?

Mélissa lui enleva son sarrau et le laissa tomber sur le sol.

— Mais qu’est-ce que tu fais ?

— J’ai une confiance absolue en tes talents, expliqua la jeune femme, mais un accident, c’est quelque chose qui n’est pas censé se produire. Admettons qu’une force inconnue et imprévisible déplace l’astéroïde de quelques mètres ou que les missiles interprètent mal tes commandes, nous pourrions disparaître de la surface de la Terre dans moins de onze jours…

— Tu m’as emmené ici pour me parler de tes craintes ?

— D’une seule, en fait : celle de n’avoir pas fait l’amour avec toi.

— Oh…

Mélissa le fit tomber sur le dos sur le lit et s’étendit sur lui.

— Est-ce que je t’ai déjà dit que je n’ai jamais eu de petite amie avant toi ? se troubla-t-il.

— Détends-toi, Vincent. Tu vas adorer ça.

Elle lui enleva les lunettes et se mit à l’embrasser. Vincent oublia la fin du monde, les beaux yeux de Cindy Bloom et tous les tourments qu’il avait endurés à Alert Bay et à Ottawa pour se laisser emporter par le tourbillon de sensations nouvelles que lui faisait vivre la jeune femme. Heureux comme un roi, il garda Mélissa dans ses bras après l’amour et commençait à s’assoupir, lorsqu’un vent glacial fit claquer la couverture rigide de la Bible sur le bureau.

Vincent fit rouler la jeune femme endormie à côté de lui, trouva ses lunettes et alluma la lampe. Des mots commencèrent à se former sur les pages ouvertes. Il éteignit le petit appareil de brouillage.

— Cassiopée, est-ce que tu m’entends ?

— MAINTENANT, OUI.

— La Bible se prépare à me parler.

— TU PEUX COMMENCER A LIRE. J’ENREGISTRE TOUT.

— L’étoile bleue frappera la Terre, empoisonnant l’eau et l’air, et une pluie de feu détruira le tiers de tous les arbres. Une montagne de feu s’écroulera dans l’océan et l’eau submergera le tiers des nations.

— POURQUOI EST-CE TOUJOURS LE TIERS ?

— La compagne du Prince des Ténèbres le quittera pour mettre son enfant sous la protection des anges… s’étrangla Vincent, puisque ce texte parlait d’Océane.

Des larmes se mirent à couler sur ses joues.

— Un grand massacre suivra l’appel de la reine blanche, poursuivit le savant en essuyant ses yeux. Le peuple réclamera du plus grand de tous les chefs qu’il punisse les coupables.

D’autres mots se formèrent sous les premiers.

— Un grand silence tombera sur la Terre tandis que les anges affronteront les démons. Lorsque vous verrez ces signes, vous saurez que le Prince du ciel est à votre porte.

Plus rien ne s’écrivit et le texte reprit son apparence normale.

— JE TRANSMETS LE TOUT A OTTAWA.

Vincent ne l’entendit pas. Il connaissait la prophétie sur l’étoile bleue, cet objet céleste qui s’apprêtait à semer la destruction. Il l’avait même identifié, mais de quelle montagne de feu s’agissait-il ? Il se vêtit en vitesse et emporta la Bible aux Laboratoires. Il s’assit devant l’ordinateur et chercha la liste de tous les volcans en bordure de l’océan.

— LaPalma…

— L’UNE DES ILES CANARIES, SITUEE A VINGT-HUIT DEGRES, QUARANTE SECONDES DE LATITUDE NORD ET DIX-SEPT DEGRES, CINQUANTE-DEUX SECONDES DE LONGITUDE OUEST. L’ILE EST D’ORIGINE VOLCANIQUE ET LE CRATERE EN SON CENTRE EST L’UN DES PLUS GRANDS DU MONDE.

— Une éruption pourrait-elle causer un important tsunami ?

— LA ROCHE POREUSE QUI COUVRE L’ILE STOCKE L’EAU ET POURRAIT PROVOQUER UNE TRES FORTE PRESSION PENDANT UNE ERUPTION, DECLENCHANT UN IMPORTANT GLISSEMENT DE TERRAIN.

— Qui la ferait s’écrouler dans l’océan.

— UNE ETUDE MENEE A LONDRES A DEMONTRE QU’UNE TELLE EVENTUALITE POURRAIT CAUSER UNE TITANESQUE ONDE OCEANIQUE. SES VAGUES INONDERAIENT LA COTE EST DES ETATS UNIS, LES CARAÏBES, LE BRESIL ET LES COTES DE L’EUROPE, DU COTE DE L’ATLANTIQUE.

— Quelle est la base la plus proche des îles Canaries ?

— CELLE D’AGADIR, AU MAROC.

— Envoie-leur tout de suite un avertissement.

— SEUL UN DIRECTEUR PEUT TRANSMETTRE UNE TELLE RECOMMANDATION A UNE AUTRE BASE.

— Mets-moi en communication avec Cédric.

— IL EST TROIS HEURES DU MATIN, ET MONSIEUR ORLEANS DIRIGE MAINTENANT LA DIVISION INTERNATIONALE, PAS LA BASE DE MONTREAL.

— Aodhan, alors.

— TU VEUX QUE JE LE REVEILLE ?

— N’es-tu pas capable de comprendre que c’est très important, Cass ?

— JE FERAI DE MON MIEUX.

Pendant que Cassiopée cherchait à contacter le nouveau directeur, Vincent enleva ses lunettes, s’accouda à la table et se cacha le visage dans les mains.

— Océane…

A Jérusalem, c’était le marin. Lui causerait-il des ennuis en l’appelant par le biais du bijou qu’il lui avait offert ?

— J’AI LOCALISE MONSIEUR LOUP BLANC. IL RENTRAIT JUSTEMENT AU GARAGE.

— Tu vois bien que nous ne sommes pas tous couchés à trois heures du matin.

Alerté par l’ordinateur de la base, Aodhan se dirigea tout de suite aux Laboratoires, où Vincent travaillait encore.

— As-tu au moins dormi quelques heures ? lui demanda l’Amérindien en s’approchant de lui.

L’informaticien fit pivoter sa chaise vers lui.

— La Bible me parle quand elle en a envie.

— Cassiopée me dit que tu voulais me voir à tout prix. Dis-moi ce qui ne peut pas attendre à demain.

Vincent lui répéta ce qu’il avait lu.

— Es-tu bien certain que c’est de ce volcan qu’il s’agit ?

— C’est le seul qui puisse causer la destruction que mentionne le texte.

— A-t-il spécifié que l’éruption aurait lieu cette nuit ?

— Non…

— Alors, nous en reparlerons plus tard, car tu dors debout, mon pauvre ami. Va te coucher.

Il lui prit le bras et l’obligea à se lever.

— Tu auras les idées plus claires après un peu de repos.

Aodhan le reconduisit à sa chambre du Dortoir et se laissa tomber sur son propre lit, mort de fatigue, après une journée entière de prédication.

 

Absinthium
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